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Ne crains, voici ton Roi vient assis sur un ânon

Prédication dimanche des rameaux 20 mars 2016 du Rév. Pasteur MUDERHWA

Texte : Za 9,9-11 ; Lc 19,28-44 (Jn 12,12-19) ; 1 P 3,13-21

Introduction

Le dimanche des rameaux est une fête célébrée, chaque année, une semaine avant Pâques pour commémorer l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem sous les acclamations de la foule. Pourquoi Jésus choisit-il de faire une telle entrée alors qu’il sait ce qu’il l’attend à Jérusalem ? La ville sainte a connu une succession d’occupants, au cours de centaines d’années, et une telle situation a plongé le peuple élu dans la désolation profonde, le découragement total et surtout la frustration. Tous ces conquérants étaient effrayants et invincibles, montés sur des chevaux. Ce sont ces gens que Jésus appelle dans le texte de notre étude biblique de jeudi  ‘ les chefs des nations qui tiennent les pouvoirs sous leur pouvoir et leur domination’ (Mc 10,42).

Tenus sous les chaines de l’oppression, ils n’ont pas baissé les bras. Les Juifs, marqués des élans de libération, seront divisés en trois groupes principaux : (i) des résistants vont se constituer en force d’auto-libération en recourant à la machette ; (ii) une théologie populaire va se constituer, celle qui en appelle à l’attente d’un Messie-Roi, celui qui va succéder à David, et qui viendrait avec puissance restaurer la royauté perdue. C’est dans ce groupe qu’on place ceux-là qui, en Jn 6,14-15, à la vue du signe miraculeux de la multiplication des pains, ils tentent d’enlever Jésus pour le faire roi. Malheureusement pour eux, il se retire. Tous les miracles accomplis par Jésus seront interprétés non pas comme attestant la venue du Royaume de Dieu mais comme la voie à la restauration du règne de David perdu. Enfin (iii), le reste de Yahvé, un groupe de croyants qui fondent leur foi sur la tradition des prophètes et qui attendent dans la foi l’accomplissement des Ecritures.

Sans nul doute, Jésus n’entre pas à Jérusalem par hasard. Pendant la période qui précède Pâques, les Juifs venaient de partout pour célébrer cette importante fête. Pour qu’il n’y ait aucune ambigüité par rapport à sa mission, il faut que tout le monde voit et comprenne qui Jésus est réellement Roi mais d’un autre type (Mc 11,1-11, Mt 21,1-11 ; Lc 19,28-44 ; Jn 12,12-19). Malheureusement le triomphe de Jésus est ambigu car il se terminera par une mort tragique.

  1. Trois passages s’accordent sur l’entrée triomphale de Jésus: Za 9,9-11 ; Mt 21,5 ; Jn 12,15 en ces termes :

Réjouis-toi, fille de Sion ! Lance des acclamations, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi ; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse (Za 9,9).

Dites à la fille de Sion : « voici ton roi qui vient à toi, plein de douceur et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse » (Mt 21,5)

N’aie pas peur fille ! Voici ton roi qui vient, assis sur le petit d’une ânesse (Jn 12,15).

Le temps d’angoisse va prendre fin et sera remplacé par un temps de réjouissances. Le compte à rebours de ceux qui règnent par la force a commencé. Illustration : Burundi, Uganda, Congo Brazzaville, pour RDC on est dans l’incertitude, Dieu seul sait de qui sera fait novembre 2016. Le roi qui vient contraste avec les puissants de ce monde car il vient assis sur un ânon, le petit d’une ânesse, celui sur qui personne n’était jamais monté. Cet animal choisi traduit  l’innocence de Jésus. Il entre dans la ville pas comme un conquérant qui vient dominer et assujettir ceux qui sont dedans comme on le fait des esclaves. L’entrée messianique de Jésus n’est pas un évènement politique. Salué comme roi, il n’est pas moins un pèlerin qui se prépare à souffrir. Il ne vient pas faire un coup d’état ; son intronisation royale aura lieu sur la croix.

Jésus est roi d’un autre type parce qu’ayant opté pour la douceur  et l’humilité, il cherche à instaurer un nouveau peuple, une nouvelle nation d’hommes et de femmes se rendant disponibles et utiles pour faire entrer Jésus dans leur famille, classe, promotion, quartier, ville, etc. En dépit de cette douceur et humilité qui le caractérise, il imposera sa victoire sur tous ceux qui ont pillé, tué, violé les droits des autre, prenant tout pour eux-mêmes, ceux-là qui, sans pitié, ont tout saccagé sur leur passage, et qui ont oublié qu’ils avaient malgré tout à rendre compte à Dieu. On se souviendra du portrait que Matthieu a donné de Jésus « acceptez mes exigences et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme » (11,29). Mon serviteur, il n’éteindra pas le lumignon qui fume, ni casser le roseau qui courbe.

L’ânon apporté par les disciples s’est rendu utile en faisant entrer Jésus dans la ville de Jérusalem. Seuls les croyants simples, attendant que s’accomplissent les Ecritures, ayant accueilli Jésus recevront la paix qu’il offre et s’évertueront à semer les graines de paix dans leur entourage et useront de leur influence pour être catalyseurs des changements. Je voudrais nous rappeler que ceux que Jésus considère comme ses disciples sont des hommes et des femmes en quête perpétuelle de la vie pleine de sens. Ils ont découvert que pour que leur vie atteigne une certaine signification, il faut être connecté à Christ.

Alors que Luc parle des disciples, les 3 autres évangélistes mentionnent les foules anonymes qui produisent des scènes d’enthousiasme populaire : les une prennent des rameaux et d’autres couvrent l’ânon de leurs manteaux et le maitre s’assied dessus et bien d’autres ôtent leurs manteaux et les étalent sur les chemins pour en faire une sorte de tapis d’honneur dans cette procession royale (cf 2 R 9,13 intronisation du roi Jéhu).

Alors que Mt 21,9 dit « une grande foule de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, d’autres coupèrent des branches aux arbres et en jonchèrent la route. Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : ‘Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts ! » ;

Mc 11,8-10 : « Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d’autres branches qu’ils coupèrent dans les champs. Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni le règne qui vient au nom du Seigneur, le règne de David,, notre père ! Hosanna dans les lieux très hauts ! »

Jn 12,12-13 : une foule nombreuse de personnes venues à la fête apprirent que Jésus se rendait à Jérusalem. Elles prirent des branches de palmiers et allèrent à sa rencontre en criant : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! ».

Nous retenons que Mc, Mt et Jn font allusion à des foules nombreuses en effervescence et qui accueillent le Roi qui fait son entrée à Jérusalem. Et comme la foule n’a pas d’âme, combien de temps va durer cet attachement à Jésus. Les mêmes foules seront manipulées et instrumentalisées par les autorités religieuses juives pour réclamer sa crucifixion. Il n’est pas impossible que  parmi ces foules se retrouveraient ceux-là qui seraient directs bénéficiaires des miracles de Jésus. Que de fois et combien de fois n’avons-nous pas vu des personnes à qui nous avons fait de bien, se ranger du côté de nos adversaires ! Elles disent hosanna (en hébreu hôshia’-anna), elles formulent une sorte d’invocation, chaque fois adressée à Dieu,  pour lui demander d’accorder son salut aux pèlerins en route vers le Temple. Le Roi qui vient, comme l’a si bien dit Zacharie, vient supprimer les chars d’Ephraïm et les chevaux de Jérusalem, et briser les arcs de guerre. Il vient annoncer la paix aux nations et il dominera jusqu’aux extrémités de la terre (Za 9,10) parce que sa main droite est élevée et agit avec puissance (Ps 118,16). En utilisant les rameaux aux palmiers, les foules célèbrent la victoire du Messie-Roi (cf 1 R 1,38-40) qui délivre de l’occupation romaine. Notons que le fait d’être en compagnie de Jésus dont l’Eglise célèbre la victoire et le salut nous invite à faire quelque chose pour lui. Etre inactif est une preuve éloquente qu’on n’est pas avec lui.

  1. Les disciples célèbrent la venue du Roi mais les Pharisiens sont indignés

L’évangéliste Luc, contrairement aux trois autres évangélistes, f       ait allusion à la foule des disciples qui, remplis de joie à la vue des miracles, adressent à haute voix des louanges à Dieu « Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire dans les lieux très hauts ! ». La dernière partie de cette louange rappelle la louange de la multitude des anges à la naissance de Jésus (Lc 1,14). La mort de Jésus qui se profile à l’horizon n’entame en rien la paix qui est dans le ciel et la gloire de Dieu. Seuls les disciples qui comprennent la réelle mission de Jésus qui n’est pas un roi national dont le rôle est de renverser le pouvoir romain mais plutôt un Roi qui établit un règne, c’est-à-dire une nouvelle gouvernance imbue des valeurs caractéristiques des hommes et des femmes réellement transformés par l’évangile et qui sont appelés à vivre en nouveauté de vie en Christ parce qu’ils sont connectés à celui qui est mort pour leurs péchés et Ressuscité pour eux. Seuls ceux-là qui comprenant le sens de la mort du Christ, peuvent célébrer Pâque de la manière que Dieu attend et sont en mesure d’impacter leur milieu de vie (quartier, famille, école, lieu de travail, marché, etc). Les Pharisiens, comme adversaires de Jésus, se sentent défiés par la louange adressée à Jésus et considèrent cela comme sacrilège et blasphème. Ils n’ont pas intériorisé qui est Jésus et ils demandent à Jésus de faire taire ses disciples. Il réagit s’ils se taisent les pierres crieront. Il ne reste qu’une seule alternative, la destruction de Jérusalem dont les pierres renversées et éparpillées sur le sol, ces pierres-là attesteront réellement que Jésus est roi resteront un témoignage de la méchanceté du peuple de Dieu qui lui a tourné le dos. C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant, dit He 10,31.

  1. Jésus pleure : quel paradoxe ?

Immédiatement après son entrée fulgurante dans la ville, Jésus pleure sur elle. Luc est le seul évangéliste à indiquer ce triste événement. Il annonce la destruction de Jérusalem qui aura lieu le 26 septembre 70 par les Romain. Jésus n’est ni le premier ni le dernier prophète (cf Mic 3,12 ; Za 14,2 ; Jr 26,24). Cette catastrophe arrive parce qu’Israël n’a pas su ce qui peut lui donner la paix et/ou n’a pas su quand il a été visité. Depuis que Jésus prêche la venue du royaume de Dieu, depuis qu’il accomplit les miracles, et même lorsqu’il entre à Jérusalem, c’est Dieu lui-même qui visite son peuple pour lui offrir le salut. C’est une grosse bêtise que de rater l’occasion de la visitation de Dieu, c’est-à-dire repousser l’offre divine du salut.

Voir aussi...

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